Shockley et les huit traîtres
(Cet article est le 2nd d'une série sur l'histoire de la Silicon Valley.)
William Shockley, bien que né à Londres, a passé son enfance à Palo Alto. Diplômé de CalTech, il part lui aussi faire son doctorat au MIT, après quoi il reste travailler sur place, aux Bell Labs, où il a co-inventé le transistor, qui lui vaudra le prix Nobel de physique en 1956.
En 1953, il quitte les Bell Labs et revient sur la côte Ouest. Après un passage à CalTech, il s’installe à Moutain View où en 1955 il fonde Shockley Electronics.
Si Shockley est un brillant scientifique, c’est un manager exécrable, réputé pour être tyrannique et paranoïaque. Lorsqu’il décide d’abandonner les recherches sur le silicium, huit de ses ingénieurs qui ne sont pas du même avis (les « huit traîtres ») quittent la société en 1957 pour fonder Fairchild Semiconductors. C’est le début d’une série d’essaimages, qui donnera naissance à toute une industrie.
Deux de ces huit traîtres, Gordon Moore et Robert Noyce, quitteront à leur tour Fairchild en 1968 pour fonder Intel. (Andy Grove, un autre ancien de Fairchild, sera le 3e employé d’Intel, avant d’en devenir le PDG de 1987 à 1998.)
Ce seront également des anciens de Fairchild qui fonderont AMD ou encore National Semiconductors.
L’emploi du terme de « vallée du silicium » pour désigner cette zone date du début des années 1970, époque où est sorti le premier microprocesseur, le 4004 d’Intel.
Robert Kleiner, un autre des huit traîtres, fondera quant à lui l’industrie californienne du capital risque en s’associant avec Tom Perkins, un ancien de chez HP.
Durant les années 1980, l’industrie américaine des semiconducteurs dût faire face à une féroce concurrence des fabricants japonais. Beaucoup d’usines ont alors été délocalisées, l’ingénierie et la direction des entreprises restant cependant dans la vallée.